Interview Bigty : “L’amour de Dieu me rattrape à chaque fois”

Co-fondateur du label Celest Recordz, rappeur conscient et présent dans le game depuis plus de 10 ans, Bigty est de retour (après deux EP) avec son tout premier album intitulé “TECHOUVA”. Sorti le 29 novembre 2019, ce nouveau projet qui respire l’authenticité et la crainte de Dieu invite les auditeurs à ne jamais oublier l’amour du Père.

“TECHOUVA” signifie “demi tour”, “retour” ou encore “déviation” en hébreu. Une chose que Bigty, de son vrai nom Dimitri, a dû faire il y a quelques temps. Le rappeur converti en 2011 s’est éloigné de Dieu. Une expérience difficile qui lui a fait comprendre l’importance de la repentance, la nécessité de toujours se remettre en question et la puissance de l’amour de Dieu. Trois choses que toi aussi, tu vas expérimenter en écoutant les 13 titres de l’album aux sonorités africaines et urbaines. Interview.

Le thème de l’album est assez inattendu ! Comment as-tu réagis quand tu as compris que le Seigneur voulait que tu fasses ton tout premier album sur ce sujet là ?

J’ai tout de suite accepté de collaborer avec Dieu et de partager ce que j’avais reçu. Honnêtement,  j’étais dans une période où il fallait que je fasse ce demi tour. J’étais clairement en train de foncer dans le mur.

Quand j’ai eu à faire ce face à face avec Dieu, j’ai compris que je n’étais sans doute pas le seul à avoir traversé ça. Peut-être plusieurs y sont encore alors je me suis dis qu’il ne fallait pas que je garde tout ça pour moi ! Je dois me servir de cette expérience pour encourager les autres, pour leur dire qu’ils peuvent revenir au Seigneur, qu’ils ne doivent pas rester là où ils sont. C’est grâce à l’amour de Dieu qu’on peut revenir à Lui.

Est-ce que tu t’attendais à te montrer si vulnérable et humble pour ton tout premier album au vu de tes précédents projets ?

Pas du tout. Mon premier vrai projet “LUMIERE DU MONDE” est sorti en 2011. Dans cet album, je suis assez cru, je suis là en mode “imbattable, Christ en moi, personne peut m’arrêter, je suis pas dans le péché, toujours dans la sanctification blabla blabla“. Alors quand on entend ça, on peut s’imaginer que mon premier album s’inscrira dans une lignée similaire… je ne m’attendais pas du tout à faire un album comme “TECHOUVA”. Mais je ne regrette pas. Dieu est au contrôle, je suis content d’avoir montré cette autre facette.

Quelles leçons apprises par Dieu durant ce temps d’épreuve as-tu souhaité aborder dans l’album ?

Il n’y en a qu’une et c’est l’amour de Dieu. Il nous aime qu’importe ce qu’on fait. Il est plus simple de comprendre son amour quand tout va bien, quand on sait qu’on marche dans ses voies, quand on suit ses préceptes. Accepter l’amour de Dieu et se dire qu’il nous regarde avec un regard d’amour quand on est dans les ténèbres, c’est autre chose. Pourtant, son amour pour nous ne change pas.

Je prends l’exemple d’un père et d’un fils. Si demain, mon fils se retrouve en prison, ça ne changera rien au fait que c’est mon fils et que je l’aime. C’est exactement la même chose avec le Seigneur. Oui, tu te retrouves dans une situation dans laquelle tu ne devrais pas être en tant qu’enfant de Dieu mais son sang a coulé pour toi et Il t’aime. Dieu m’a vraiment révélé son amour et parce qu’il m’a aimé dans la situation dans laquelle je me trouvais, je dois me relever ! Je n’ai pas le choix. Je ne peux pas me permettre de retourner en arrière et revivre ça. L’amour de Dieu me rattrape à chaque fois.

C’est fort ! Ce sont des choses qu’on a l’habitude d’entendre mais dont on ne prend pas forcément conscience. Comment a réagis le public ?

J’ai des retours qui jusqu’à aujourd’hui me surprennent ! Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours reçu des commentaires du genre “Ouais ton album m’a vraiment fortifié” , “Il m’a vraiment béni “, “j’ai ressenti la gloire” , mais là… c’est plus profond !

Des personne viennent me livrer des choses, des combats cachés. Après avoir écouté l’album, une personne est venue m’avouée une chose sur son orientation sexuelle et ses combats pour s’en sortir qu’elle n’a jamais osé dire à personne. Pourquoi me dire ça à moi ? Je n’en ai pas parlé dans l’album, quel est le rapport ? En fait, j’ai compris qu’en étant vrai et sincère envers moi-même, je pousse les gens à l’être également avec eux. Des gens me racontent des choses que je ne peux pas dire comme ça, ce n’est pas possible. Il a fallu que je fasse ce genre d’album pour recevoir ce genre des témoignages.

Toi aussi tu témoignes à travers tes chansons. D’ailleurs derrière chaque chanson se cache une histoire. Dans “Comment t’aimer“, tu dis “Je m’amuse à faire le man of God devant la foule alors que prier plus de 10 minutes, ça me soule”. Explique-nous.

Je suis passé par une période dans laquelle  je donnais des conseils à tout le monde. Tout le monde ! Je conseillais sur la prière, la marche avec Dieu. Je disais bien les choses, ça aidait vraiment les gens. Ils avançaient. Mais moi je n’appliquais pas ce que je disais. Je ne le vivais pas du tout. “Oui mon frère, il faut se lever à 5h du matin pour prier ” alors que parfois j’arrivais le dimanche à l’église et je me disais  “ah … j’ai pas prié de toute la semaine”. Je parlais beaucoup mais quand on regardait ma vie… il n’y avait rien. Je voulais vraiment révéler ça et j’ai été étonné car beaucoup de gens m’ont dit “mon frère, moi aussi je suis passé par là !” (rires).

Il y a une différence entre le Bigty qui chante “le King m’a validé” (sorti en 2016) et celui d’aujourd’hui ?

Très grosse différence. Il n’y a pas photo. A cette époque, tout allait bien (rires) ! Je n’avais pas encore traversé toutes ces épreuves familiales et financières. C’est venu après. Prier moins que d’habitude est arrivé parce que je suis passé par des situations qui m’ont découragé au niveau de ma foi. Je me disais mais à quoi ça sert de prier etc .. Ma relation avec Dieu s’est vraiment dégradée ces mauvaises situations m’ont aidé à “être plus humble” . Je bénis Dieu pour ces épreuves !  Ca m’a aidé à moins me prendre pour quelqu’un de fort et à vraiment reconnaitre que je suis tout ce que je suis par la grâce de Dieu. Il fallait que ces choses arrivent pour que ma force ne repose pas sur moi mais sur Dieu.

Quel est le son qui te parle le plus dans cet album ?

C’est le titre “Oh mon âme“. Quand je l’écoute, il se passe toujours quelque chose au fond de moi.  Je me suis livré à fond. Il y avait encore beaucoup de choses à dire sur le sujet de l’âme mais j’ai dis ce qui m’était arrivé. Je pense que les gens se sont reconnus.

Le morceau “Je danse pour toi” fait un peu penser aux sons de Calledout Music. C’est un artiste avec lequel tu aimerais collaborer ? Avec qui d’autres souhaiterais-tu travailler à l’avenir ?

Ecoute l’histoire ! C’est inspiré d’un artiste Nigérian oui, mais ce n’est pas Calledout Music. J’écoutais un son de Gil Joe et l’air de “Je danse pour toi” est très vite monté en moi et j’ai écris la chanson rapidement. Ensuite, j’ai voulu faire un remix de cette chanson avec Calledout Music. J’en ai parlé à mon équipe vite fait mais on n’a pas réellement cherché à  concrétiser les choses en contactant les équipes de Calledout Music. C’était juste une idée. Mais évidemment plus tard, j’aimerais travailler avec lui, Gil Joe, Limoblaze… Tous ces artistes ont en quelque sorte inspiré musicalement mon album. Je fais beaucoup de mariages car je travaille aussi dans l’évènementiel et j’avais remarqué que les mariés réclamaient souvent des sons naijas, ghanéens, afrodances. Ca s’est donc répercuté dans mon inspiration musicale.

J’aimerais aussi collaborer avec the top of the top, Lecrae (rires) et tout le crew de Reach Records. Ce sont des artistes que j’apprécie beaucoup.

En parlant de son ghanéen, il y a le titre “Me da wo” qui est très spécial pour toi…

C’est une chanson destinée à ma femme. Je voulais juste bénir Dieu pour sa vie car durant les moments durs de ces derniers années, elle est restée forte. C’est elle qui m’a aidé à tenir ferme. J’ai voulu réunir nos deux cultures dans un morceau car avant de se marier, nous avons eu quelques complications justement parce que nous ne venons pas du même pays. Je suis né en Angola, elle est ghanéenne. Je voulais montrer que le mélange des deux peut former quelque chose de beau.

Prêt pour le concert du 23 février 2020 à la Boule Noire ? 

Je me sens bien. J’ai pas encore de pression mais quand la date approchera, ça va changer (rires). Sachez que ce sera mon seul concert sur Paris. Je n’interviendrai peut-être pas ailleurs en 2020. Venez vivre la techouva expérience !

Quels sont tes futurs projets ?

Une tournée peut-être et je partirai dans les provinces de France pour faire des concerts. En 2021, j’aimerais faire une tournée africaine ! 

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